planification stratégiqueLe journal Les Affaires publiait un jour* : « Plus de stratégie, moins de planification ».

Voilà qui me rappelle une question que j’aborde très souvent avec mes clients : la distinction qui doit être faite entre le processus de planification stratégique et la réflexion stratégique. Cette différence est fondamentale.

En bref

La planification – qu’elle soit par ailleurs d’ordre stratégique, marketing, opérationnelle ou autre – est un processus de travail en soi. La réflexion stratégique, elle, tient davantage du contenu.

Processus de planification

Pour faire simple, disons qu’un processus de planification usuel comporte plusieurs étapes, implique plusieurs individus et groupes d’individus. Il s’étale dans le temps et collige et génére des masses d’information. Il vise à énoncer, dans un document très complet, la direction adoptée par une entreprise : le quoi, le pourquoi et le comment.

On a tous lu les tables des matières de ce genre de document de 100 pages et plus : historique, analyse situationnelle, vision, mission, objectifs, buts spécifiques, plans d’action, etc. Lorsque bien fait, un tel document peut devenir littéralement une bible avec laquelle une organisation pourra se guider pour toutes ses décisions et actions tactiques.

Les détracteurs, cependant, auront la critique facile : pour bien faire il faut beaucoup de temps. Or, c’est justement ce précieux temps que les entreprises ont de moins en moins. Alors que faire? Au minimum : réfléchir stratégie!

Réflexion stratégique

La différence entre la réflexion et le processus de planification tient en deux principaux éléments : l’objectif de la tâche et la manière de l’accomplir.

L’objectif de la réflexion stratégique est d’aboutir à une stratégie –par opposition à un document. Le moyen n’est donc pas la fin. Certes, un minimum de documentation est requis pour asseoir une réflexion stratégique. Il faut tout de même la communiquer! L’essence de la réflexion stratégique tient davantage dans le fait qu’elle doit rester vivante à tout moment. Elle doit effectivement se faire en continu.

De fait, une stratégie peut changer du tout au tout lorsqu’un facteur externe change la donne à très court terme. Pensons à l’impact du taux de change ces jours-ci sur nos firmes exportatrices. En moins de 6 mois, la variation a dépassé les 15 %! Pas le temps d’attendre le prochain cycle de planification stratégique pour définir une nouvelle voie d’actions…

Ainsi, la réflexion stratégique, c’est :

  • Connaître sa situation –d’où le besoin pour un tableau de bord complet et efficace;
  • Avoir la créativité nécessaire pour générer des scénarios d’actions alternatives; et
  • Posséder l’intelligence d’affaire et le courage de décider.

J’oserai dire que la réflexion stratégique, c’est le réflexe informé qu’un décideur doit développer pour être capable d’agir pertinemment à tout moment.

Différence évidente

L’article du journal Les Affaires attire l’attention sur la nécessité d’agir plus stratégiquement.

  • Connaître les faits et se poser les bonnes questions
  • S’entourer des bons talents
  • Exécuter sans faille
  • Mesurer –le dira-t-on assez?
  • Rétribuer les acteurs

Les actions en métronomes bureaucratisés que certaines organisations mènent pour produire d’énormes documents dits stratégiques–dont le seul volet stratégique n’est souvent en réalité que le budget prévisionnel; je sais; j’en ai rédigé plusieurs dans ma carrière!– sont dignes des temps passés.

L’entreprise d’aujourd’hui doit être résolument plus agile. Elle doit évidemment continuer à planifier ses actions, mais elle doit aborder cette responsabilité sous un nouveau jour.

Alors planifiez donc d’intégrer la réflexion stratégique dans votre quotidien!

 

(*) L’article original a été publié le 21 septembre 2007. J’avais alors écrit ce billet que je republie intégralement car il garde toute sa pertinence aujourd’hui!